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PARASHAT BALAK: ENTRE PROPHÉTIE ET POLITIQUE-RÉFLEXIONS SUR LE LEADERSHIP ÉTHIQUE / BETWEEN PROPHECY AND POLITICS-A DEEP REFLECTION ON ETHICAL LEADERSHIP

07/11/2025 12:07:02 PM

Jul11

La Parashat Balak (Nombres 22:2 – 25:9) est l’une des seules sections de la Torah dans laquelle l’intrigue se déroule entièrement en dehors du camp d’Israël. Aucun Israélite ne parle. Aucun leader juif n’intervient. Et pourtant, cette parasha est profondément révélatrice du rôle que jouent les forces extérieures, politiques et spirituelles, dans le destin du peuple juif.


Résumé de la parasha


Balak, roi de Moav, terrifié par l’expansion des Israélites à proximité de ses frontières, s’associe à Midian pour engager le prophète païen Bilaam, afin de maudire Israël. Bilaam hésite, consulte Dieu à plusieurs reprises, mais finit par accepter la mission — tout en étant averti que seules les paroles que Dieu placera dans sa bouche pourront être prononcées.


Trois fois, Bilaam tente de maudire, et trois fois il bénit. Dans un renversement ironique, ce non-prophète corrompu prononce des paroles qui ont traversé les siècles :


“Ma tovu ohalecha Yaakov, mishkenotecha Yisrael”

“Que tes tentes sont belles, ô Jacob, tes demeures, ô Israël.” (Nombres 24:5)


Mais la parasha se termine sur une note sombre: Bilaam, frustré de son échec verbal, conseille à Balak une stratégie plus insidieuse — séduire les hommes d’Israël avec les filles de Moav, les entraînant dans l’idolâtrie et la décadence. Cette tactique réussit temporairement, provoquant une plaie dans le camp d’Israël.


Réflexions profondes sur le leadership à travers cette parasha


1. Leadership fondé sur la peur ou sur la vision ?


Balak est le prototype du dirigeant paranoïaque. Sa peur n’est pas fondée sur des actes hostiles d’Israël, mais sur des perceptions et préjugés. Il voit en Israël une “menace démographique”, un “envahisseur silencieux”, et il réagit de manière disproportionnée. Ce comportement nous parle aujourd’hui.


Dans notre monde moderne, trop de leaders agissent par crainte de perdre le contrôle, par méfiance envers la diversité ou par volonté de plaire à une base politique. Le leadership éclairé, à l’inverse, repose sur la capacité à analyser avec lucidité, à agir avec proportionnalité, et à embrasser la complexité au lieu de la fuir.


2. La parole comme outil de bénédiction ou d’instrumentalisation


Bilaam est l’un des personnages les plus ambigus de la Torah. Il est à la fois prophète et opportuniste, homme de spiritualité et manipulateur. Il illustre parfaitement la tension entre inspiration divine et intérêt personnel. Ce contraste interpelle particulièrement dans notre ère de désinformation, de rhétorique creuse et de populisme médiatique.


La Torah insiste : même une personne corrompue peut devenir l’instrument d’une vérité supérieure. Cela ne justifie pas ses intentions, mais cela souligne une dimension spirituelle essentielle : la bénédiction peut jaillir là où on s’y attend le moins.


Nous devons apprendre à écouter les messages, même quand le messager est imparfait. Mais cela suppose un sens critique et une élévation morale que nos sociétés doivent réapprendre à cultiver.


3. Du pouvoir coercitif à l’influence morale


Balak voulait exercer un pouvoir par la force des mots. Mais Bilaam lui montre (malgré lui) que le pouvoir authentique ne réside pas dans la malédiction, mais dans la capacité à faire émerger le bien. Aujourd’hui, le leadership véritable ne s’exprime pas par la domination ou la peur, mais par l’exemple, la vision, la sincérité.


À une époque où les dirigeants sont tentés d’instrumentaliser la religion, la morale, ou même la science, à des fins politiques, Parashat Balak nous rappelle que l’intégrité spirituelle ne se laisse pas corrompre à long terme. La voix divine ne peut être achetée.


Applications contemporaines

 Dans la gouvernance mondiale : Les conflits géopolitiques sont souvent alimentés par des perceptions erronées, des récits déformés, des préjugés ethniques ou religieux. Parashat Balak nous appelle à dépasser la rhétorique nationaliste et à reconnaître la dignité de “l’autre”, même quand il semble menaçant.

 Dans la vie communautaire : La tentation d’exclure, de critiquer ou de “maudire” ceux qui pensent différemment est forte, même dans nos institutions religieuses. Ce récit nous invite à transformer la parole en bénédiction, à construire au lieu de diviser.

 Dans la vie personnelle : Sommes-nous comme Balak, prisonniers de nos peurs? Ou comme Bilaam, capables malgré nos défauts de faire émerger la lumière? Le choix nous appartient.


Conclusion : Le leadership qui bénit l’humanité


Parashat Balak pose une question universelle et urgente :

Quelle sorte de leadership voulons-nous promouvoir ?


Un leadership fondé sur la peur, la manipulation, et les jeux d’influence?

Ou un leadership enraciné dans l’humilité, la vérité, et le respect de la dignité humaine?


Dans une époque où les mots divisent et où les figures d’autorité vacillent, souvenons-nous du pouvoir de la bénédiction. Elle ne vient pas toujours de ceux que l’on attend. Mais elle a la capacité, lorsqu’elle est sincère, de transformer les malédictions du monde en possibilités de paix.


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Parashat Balak: Between Prophecy and Politics – A Deep Reflection on Ethical Leadership


Parashat Balak (Numbers 22:2 – 25:9) is one of the few Torah portions in which the central drama unfolds entirely outside the Israelite camp. No Israelite speaks. No Jewish leader intervenes. And yet, the parasha offers a profound glimpse into how external political and spiritual forces attempt to shape the fate of Israel.


Summary of the Parasha


Balak, king of Moab, is terrified by Israel’s growing presence. He allies with Midian and hires the pagan prophet Bilaam to curse the Israelites. Bilaam hesitates, consults God, but ultimately agrees—though he is told that he may only say what God allows him to say.


Three times, Bilaam attempts to curse—and three times, he blesses. Ironically, he utters one of the most enduring lines in Jewish liturgy:


“Ma tovu ohalecha Yaakov, mishkenotecha Yisrael”

“How beautiful are your tents, O Jacob, your dwelling places, O Israel.” (Numbers 24:5)


Yet the story ends ominously: Bilaam advises Balak to seduce Israel through idolatry and immorality, leading to a spiritual crisis and a deadly plague.


Profound Reflections on Leadership Through This Parasha


1. Leadership driven by fear or by vision?


Balak is the archetype of the fear-driven ruler. His fear is not rooted in real danger but in projection and paranoia. He sees Israel not as neighbors but as a threat to be neutralized. Sadly, this kind of fear-driven leadership is not foreign to our modern political landscape.


True leadership, by contrast, demands clear vision, proportionate response, and the capacity to listen rather than panic. Great leaders act on insight, not insecurity.


2. The power of speech: between blessing and manipulation


Bilaam represents a troubling mix: he is both a prophet and a profiteer. He reminds us of the ambiguity of influence. We live in a world where speeches, tweets, and declarations shape entire nations. Yet how often are those words guided by truth?


The Torah teaches that even the most compromised voices can, at times, deliver divine truth. But the lesson is not to trust every voice—it is to discern truth even when it emerges from unexpected places. That requires education, humility, and spiritual awareness.


3. Real power is not coercion—it is moral clarity


Balak seeks to manipulate spiritual power for political gain. He fails. God’s truth cannot be sold. Likewise, in our time, power must be anchored in moral integrity, not spectacle or spin. The leaders who endure are those who serve a cause greater than themselves.


Contemporary Applications

 In global politics: From international conflict to domestic unrest, leadership shaped by fear and distrust of “the other” remains widespread. Balak reminds us of the dangers of acting from imagined threats rather than moral responsibility.

 In Jewish communal life: We must be cautious not to “curse” one another through gossip, exclusion, or ideological rigidity. Let us speak words of blessing, not just to our allies, but even to those with whom we disagree.

 In personal life: Are we driven by fear like Balak? Or are we, despite our flaws, capable of blessing like Bilaam? Each of us has the potential to shape our world through the words and intentions we choose.


Conclusion: Leadership That Elevates


Parashat Balak challenges us to ask:

What kind of leaders do we want—and what kind of leaders are we becoming?


May we choose leaders—and become leaders—who see clearly, speak truthfully, and bless consistently.


In a world filled with curses—let us become vessels of blessing.


Reverend Hazan Daniel Benlolo

Sat, July 12 2025 16 Tammuz 5785